jeudi 23 août 2012

Usanatomy : la preuve par Vancouver

Vancouver ville globale.
Alors que nous approchons de la fin de cette saison 2, le conseil d'un ami chinois nous revient à l'esprit. "Vous qui aimez Shanghai et vous intéressez à l'Amérique, vous devriez aller visiter Vancouver."

L'histoire de Vancouver, Colombie Britannique, mérite en effet d'être racontée.
En 1986, pour célébrer son centenaire, la ville organise une expo universelle (Expo 86). Le coût de la manifestation, d'abord estimé à 78 millions de dollars canadiens, atteint le chiffre de 802 millions. Le déficit est abyssal (plus de 300 millions).
En 1988, le site de l'exposition est vendu à un conssortium privé, le Concord Pacific Developments, pour une fraction de la valeur estimée (provoquant au passage une énorme controverse).

L'actionnaire majoritaire du consortium, Li Ka-shing, homme d'affaire de Hong Kong émarge alors sur la liste des hommes les plus riche d'Asie (en 2012 il est toujours la 9ème fortune mondiale avec un patrimoine estimé à 25 milliards). Il est à la tête d'un empire portuaire, industriel et immobilier.
En quelques années, son fond va participer à la transformation de Vancouver en y important des modèles urbains et architecturaux asiatiques. Une greffe chinoise dans une ville moyenne de structure Nord-Américaine.

Dans le même temps une forte immigration en provenance d'Asie (et surtout de Hong Kong où l'on s'inquiète de la rétrocession de l'île à la Chine continentale) est encouragée par le gouvernement canadien. La citoyenneté est accordée aux ressortissants prêts à investir des fonds sur le territoire canadien. De 1991 à 1996, ce phénomène aurait concerné plus de 30.000 ressortissants qui se fixèrent en majorité à Toronto et Vancouver.

Ces nouveaux arrivants trouvèrent naturellement leur place dans les tours résidentielles construites par le Concord Pacific Development.

Aujourd'hui la communauté asiatique (chinoise en majorité mais également philippine ou sud-est asiatique) représenterait 35 % de la population. Découvrir Vancouver n'est pas sans évoquer quelques souvenirs.
Les quartiers de West-end et Downtown avec leurs tours résidentielles étroites pleines d'anfractuosités et branchées sur une maille régulière ne sont pas sans rappeler les transformations récentes de la partie Sud de l'ancienne concession française à Shanghai.
En considérant l'histoire de Vancouver et en essayant d'approcher les processus culturels et constructifs ayant transformés la ville depuis les année 80, il est presque impossible de ne pas conclure à la globalisation des modèles urbains.
Vancouver apporte la preuve construite que l'intuition qui nous a poussée à entreprendre une anatomie urbaine de la ville américaine n'est pas sans fondement. Comme il existe des villes musée, il y a également un "musée des villes" où les modèles urbains existent et s'échangent.
Ces archétypes, ces références construites ou fantasmées se croisent dans un système métropolitain mondial. Leurs vecteurs sont des objets, audio-visuels ou imprimés, aussi bien que des individus, professionnels de la construction, voyageurs ou acteurs culturels. Leur moyens de communication sont les avions comme des flux immatériels.

Dans cette bourse aux idées, les modèles américains ont une place à part. Economiquement et culturellement, l'Amérique a dominé le 20ème siècle. Si au 21ème siècle son leadership s'est érodé, son statut de puissance à part et sa capacité à créer de nouveaux modes de vie ne se démend pas encore.

Parcourir l'Amérique a été pour nous une façon de questionner le système des villes mondes. Constituer ici une collection urbaine, c'est se lancer sur la piste d'une grammaire à vocation universelle. Pour le meilleur comme pour le pire, les situations urbaines que nous avons choisies, et racontées ici, peuvent trouver des échos inattendus dans d'autres lieux.

Comprendre ce qui est à l’œuvre aux Etats-Unis, dans une société qui "grossit les pathologies de la modernité" c'est comprendre une partie de notre passé et c'est peut-être anticiper certaines des transformations de demain.

La preuve par Vancouver.








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