mercredi 10 août 2011

Detroit dead city ? Downtown

Detroit est-elle une ville morte ? Depuis le centre-ville de Detroit, la réponse n’est pas évidente. L’imposant Downtown présente plusieurs visages et comme un verre à moitié rempli il est légitime de le décrire comme désolé ou en complète renaissance.

Comme beaucoup d’autres Downtown aux Etats-Unis le caractère monofonctionnel du lieu a pour conséquence une occupation pendulaire. En semaine, une activité modérée semble exister, de rares commerces ouverts au milieu des palissades, des tours de bureaux où entrent des personnes en chemise et même des touristes étrangers. Le soir, les rues n’accueillent que des piétons hagards, en horde ou solitaire, interpellant de façon plus ou moins insistante les visiteurs égarés ayant eu la malencontreuse idée de s’éloigner de leur hôtel voisin. Un casino et plusieurs restaurants assurent l’animation du secteur de Greektown. Le dimanche matin, un cortège sympathique de coureurs bariolés prend possession des lieux le temps d’un jogging très organisé. Des voitures de police bloquent les rues puis s’en vont.

Développé au XIXe siècle selon un plan urbain réticulé inspiré du modèle parisien, le quartier compterait 21% du total des emplois de la ville (source ici). Une collection d’architecture classique compose la matière de ses murs. Ici les édifices marquent avant tout par leur niveau de définition avant même que se pose la question de leur abandon éventuel. Que la tour Broderick aient été le plus haut bâtiment abandonné au monde (112m) s’oublie vite devant sa force brute, l’idée naïve qu’elle mériterait une place à New-York et l’impressionnant chantier de rénovation en cours.
Les belles constructions délaissées sont bien là mais souvent couvertes de panneaux annonçant leur prochaine transformation en lofts. Les chantiers ne sont certes pas tous ouverts.

Un métro automatique inauguré en 1987, le "people-mover", parcourt l’ensemble. Bientôt connecté à un tramway (2013), il propose un transport presque gratuit (50cts) mais selon une boucle trop petite pour être vraiment efficace (pas plus de 5km et uniquement à l’intérieur du Downtown).

L’imposant complexe du "Renaissance Center", siège de Général Motors, occupe le Water Front. Sa construction, en 1977, a coïncidé avec une précédente politique de redéveloppement du Downtown. Depuis plusieurs programmes se sont succédés ; misant de façon erratique sur les Casinos, les ensembles postmodernes de prestige ou le patrimoine architectural et l’histoire automobile de la ville. Les optimistes espèrent que Detroit saura dans le futur exploiter sa situation de poste frontière avec le Canada et transformer son savoir-faire et son outil technique unique vers les technologies des déplacements vertueuses : voitures hybrides et batteries vertes…

Contre tous les pronostics Detroit maintient la tête hors de l’eau. Une récente publicité a même fixé un certain niveau d’ambition pour une ville qui se refuse à disparaître.

Lors du dernier Superbowl, le rappeur Eminem fut mis en scène dans une publicité pour la marque Chrysler. Cette tranche commerciale, la plus chère de la télévision américaine, garantit une audience maximale. Au volant d’un voiture sombre, la star locale parcourt la ville, les rues du downtown et semble tournoyer autour de la massive statue du poing de Joe Luis.

Une voie off, grave et puissante scande :
I got a question for you. What does this city know about luxury? What does a town that’s been to hell and back know about the finer things in life? I’ll tell you, more than most! You see, its the hottest fires that make the hardest steel, add hard work and conviction. And the know how that runs generations deep in every last one of us. That’s who we are. That’s our story. Now it’s probably not the one you’ve been reading in the papers. The one being written by folks who have never even been here. and don’t know what we’re capable of. Because when it comes to luxury, it’s as much about where it’s from as who it’s for. Now we’re from America – but this isn’t New York City. Or the Windy City. Or Sin City. And we’re certainly no one’s Emerald City.”

La Star locale, née en 1972 dans la banlieue de Detroit, s’arrête devant le magnifique théâtre FOX, sort de la berline pour monter sur une estrade où l’attend un chœur de Gospel. Il fixe l’objectif et conclut :

“This is the Motor City. And this is what we do.”












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52b Detroit Dead city ? Downtown


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